La non-transmission du malgache à la jeune génération née en France n'est plus de l'ordre des "on dit", c'est une donnée réelle que démontre cette enquête sociolinguistique menée en juillet 2003 auprès d'une centaine de jeunes de différents profils. Dans cet ouvrage, l'auteur ne restitue pas seulement les divers éléments de cette recherche (contexte de l'enquête, choix du questionnaire comme outil d'investigation et étude des données collectées), elle essaie surtout de décrire et d'analyser les représentations linguistiques et les pratiques du malgache des jeunes de la "deuxième génération". Elle présente par ailleurs les spécificités de la langue malgache et brosse quelques portraits des Malgaches en France.
Cette enquête se pose la question de savoir comment les migrants et leurs enfants perçoivent les langues que leur apporte leur histoire familiale : langue d'origine, français, langue régionale, et qu'en font-ils dans leur vie et leur imaginaire?
L'institution de la langue unique en figure de l'identité nationale française comme la revendication en droit de la reconnaissance des langues maternelles participent d'un même mouvement de naturalisation de ce qui fut construction historique. La langue fabrique du groupe symbolique mais celui-ci ne se joue plus aujourd'hui autour du pôle public (langue du père/langue de l'Etat) mais autour du pôle maternel-familial. Cette valorisation de la langue maternelle témoigne d'un processus de subjectivation de l'individu, devenu sujet. (Résumé de la revue)
Les jeunes Français d'origine maghrébine de cette étude développent un bilinguisme précoce qui n'est pas la somme de deux langues apprises de manière consécutive mais bien celle de deux langues maternelles acquises de façon simultanée. Les pratiques langagières bilingues répondent à la nécessité pour eux de disposer de strayégies linguistiques diversifiées pour faire face à des situations de communications spécifiques
En dépit de politiques officielles très monolingues, la variété des langues s'est maintenue dans les pays du Maghreb et en France. Elle produit en outre des phénomènes de contact sur les deux rives dont le « codeswitching »ou alternance des codes est une des formes. Ainsi l'arabe dialectal est très présent en France même s'il garde « officiellement » un statut incertain, voire dévalorisé
Les réfugiés vietnamiens en France ont à coeur de transmettre à leurs enfants les traditions de leur pays d'origine et l'apprentissage de la langue vietnamienne. Cette transmission se fait dans la famille et également par le biais des associations.
La langue kurde, interdite en Turquie, ne survit que par la transmission orale. Avec l'affaire liée à l'autorisation de donner un prénom kurde, l'auteur analyse à travers les propos de deux juges de la Cour de cassation turque une évolution certaine même si elle demeure prudente et limitée.
Interrogation sur le débat français portant sur la nécessité ou pas de prendre en compte les différenciations culturelles à partir du cas des langues régionales. L'auteur analyse la confrontation entre identités culturelles, identité républicaine et les conditions d'un multiculturalisme tempéré.
Les toponymes sont un des lieux d'exercice de l'idéologie du pouvoir dominant en termes de réappropriation symbolique. La redénomination coloniale en Afrique du Nord et la politique d'arabisation au lendemain de l'indépendence algérienne notamment en sont des exemples. La politique de désislamisation et de désarabisation voulue par les autorités françaises, s'appuyait sur le démantelement de l'organisation scolaire autochtnone et sur la fermeture des édifices de culte musulman. En ce sens, le mot Maghreb attribué par les Arabes au nord de l'Afrique, avait été remplacé par des désignations plus neutres d'ordre géographique (Afrique mineure, Afrique du Nord). Ainsi, l'oeuvre de recouvrement de l'identité nationale au lendemain de l'indépendance, par la redénomination, a ignoré la dimension identitaire berbère au bénéfice de l'idéologie arabo-musulmane, en attribuant même des origines arabes à des toponymes berbères.
Pour comprendre les difficultés qui peuvent se manifester dans le passage d'une langue à l'autre, le choix s'est porté sur une population de migrants. Mais contrairement aux recherches qui adoptent pour population des personnes catégorisées dans un milieu dit populaire, il a été choisi pour cette recherche une population d'étude constituée d'intellectuels (étudiants de troisième cycle, enseignants d'université, écrivains). Déplaçant le problème hors des variables scolaires, socioculturelles ou socio-économiques, ce choix a permis d'affirmer que le problème de l'acquisition d'une langue étrangère peut se rencontrer chez toutes les personnes confrontées au passage d'une langue à l'autre (...). Les résistances à l'acquisition ne sont donc pas liées nécessairement à des difficultés d'apprentissage, mais elles sont à interprêter comme un refus à posséder une autre langue. Par conséquent, la question posée touche à un refus que cette seconde langue devienne première. Le sujet peut alors craindre, quand il se trouve dans ce genre de situation, un remplacement de sa langue maternelle par la langue française, une peur que la langue seconde devienne première.
L'auteur aborde la question de l'appartenance multiple (serbe, vlah, yougoslave et roumaine) comme élément structurant des unités sociales du groupe roumain installé en Serbie. Cette étude sur les Roumains de Serbie montre dans quelle mesure les identités peuvent être multiples, notamment en fonction du contexte relationnel. Dans ce cas, les éléments d'identification qui classent l'individu dans un lignage, dans un village et dans l'ethnie sont exprimés en roumain. Car il s'agit de la langue de la sphère concernée. Par contre, la nationalité et la citoyenneté se déclinent de préférence en serbo-croate. L'identité serbe fonctionne alors dans une sphère serbe ou yougoslave, dont la langue correspondanate est le serbo-croate. Ces identités se conjuguent sur le plan syntagmatique et c'est cet agencement qui exprime l'identité dans sa globalité et dans son exclusivité. Cela sert à instaurer la différence avec l'autre.
Sont traitées dans cette partie : langage et politique nationale; conflits linguistiques et identitaires : la berbérité.
La dénomination officielle de Torbèches est celle de Macédoniens islamisés ou de confession islamique. Mais, en fonction de leur répartion géographique dans la république de Macédoine, plusieurs termes leur sont attribués. L'auteur analyse les phénomènes d'auto-identification et de prise de conscience nationale au sein de ce groupe. Les Torbèches sont considéré une masse flottante et hésitante vis-à-vis de l'appartenance nationale, en raison de leur confession religieuse et des langues (turc et albanais) qu'ils demandent d'enseigner dans leurs écoles.
Actes du colloque organisé les 13 et 14 mars 1996 par l'IUFM de Bourgogne (Institut universitaire pour la formation des maîtres). Des propositions, des questions ont été formulées, qui ne recouvrent pas nécessairement les positions institutionnelles : pourquoi ne pas commencer cet apprentissage précoce beaucoup plus tôt, à l'école maternelle ? Pourquoi ne pas tenir compte de la capacité à conceptualiser des enfants du cycle III, et ne pas proposer dès le cours moyen un véritable contenu grammatical et situationnel ? Ne serait-il pas souhaitable de réfléchir à l'insertion dans l'apprentissage des langues d'une éducation globale au langage qui apporterait les prérequis nécessaires à toute acquisition langagière ? Ne faudrait-il pas résolument utiliser les ressources des nouvelles technologies pour pallier l'insuffisance de formation de ceux qui doivent « enseigner » les langues à l'école primaire ? Le lecteur de ces actes trouvera donc plus de questions que de réponses, mais il sera stimulé dans sa réflexion par la richesse et la pertinence des exposés, et sera mieux à même de définir sa propre philosophie quant à l'enseignement d'initiation précoce aux langues vivantes.
Les slavophones sont aujourd'hui largement minoritaires dans la partie septentrionale de la Macédoine grecque. De même, leur nombre est très difficile à déterminer, l'Etat grec n'ayant jamais voulu reconnaître l'existence d'une minorité slavophone sur son territoire. Les ancêtres de ces slavophones sont restés en Grèce après les guerres balkaniques car ils étaient pour la plupart patriarchistes, et ceux qui sont pas rentrés chez eux n'adhéraient pas au régime des pays communistes. En Grèce, la politique d'assimilation s'est accompagnée de l'hellénisation des anthroponymes à partir de 1913 et des toponymes à partir de 1926. Enfin, les mariages mixtes et l'exode vers d'autres régions du pays a contribué à faire en sorte que le grec soit la langue de la vie publique.